Pierre Suchet

Photographe

NYC – Le couteau et le labyrinthe

En sortant pour la première fois du métro new-yorkais, j’ai eu le sentiment d’être plongé dans une fiction. Aux images qui se formaient sur ma rétine, venaient se superposer les films, les photos et les romans dont ma mémoire s’était imprégnée depuis l’enfance. Une fois passé le moment de saisissement, j’ai sorti mon appareil comme on sort un couteau pour déchirer le décor et démasquer la réalité. Mais à chaque coup de lame, la vertigineuse impression de se retrouver devant un deuxième décor. Puis une troisième bâche peinte derrière, comme des poupées gigognes emboîtées par un metteur en scène facétieux. J’ai donné beaucoup de coups de couteau, dans une indifférence totale, et sans jamais avoir la certitude d’être sorti du labyrinthe. Un jour peut-être, je découvrirai le film, monté à partir des séquences des caméras de surveillance, montrant mes dérisoires tentatives.

 

The knife and the maze

Getting out of the New York subway for the first time, it felt like being immersed in a fiction. Images that were forming on my retina were overlapped by films, photos and novels that my memory had been filled with since my chilhood. Once the shock has worn off, I pulled out my camera as one pulls out a knife to tear the scenery apart and unmask reality, but as I was stabbing, I had the dizzying feeling of finding myself in front of a second setting. Then a third tarpaulin painted behind, like Russian dolls nested by a facetious movie director. I gave a lot of stabbing, in a complete indifference, without being sure to get out of the maze. Maybe one day, I will discover the film, made of the footage collages of the security cameras, showing my pathetic attempts.

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