Mon histoire avec Bernadette
Pendant mes trois années de lycée à Nevers, à la fin des années 70, je passais devant Bernadette tous les jours en Solex pour me rendre en cours. Craignant d’arriver en retard, je la regardais furtivement, fasciné par son étrange silhouette. Puis les études et la vie professionnelle m’ont éloigné d’elle de longues années.
Deux décennies plus tard, j’ai eu envie de voir si elle était toujours là. Je retrouvais Bernadette inchangée, hormis la patine du temps. J’ai pris une photo d’elle et l’ai postée sur les réseaux sociaux.
A ma grande surprise, dans les mois et années qui ont suivi, cette photo a attiré un flux constant et inhabituel de clics, venant de personnes du monde entier à la recherche des rares icônes de Bernadette. Je découvrais que l’église Sainte Bernadette à Nevers était célèbre dans le monde entier… dans le milieu des architectes. Un universitaire parisien m’a même demandé l’autorisation d’utiliser ma photo dans un essai sur l’architecture.
Une nouvelle décennie s’écoule. Le désir me prend de lui rendre une visite plus attentive. L’église n’accueillant plus d’office, ou très rarement, je ne pouvais que lui tourner autour. Alors je me suis intéressé de près à ses alternances de rondeurs et d’angles, à ses rides, à ses décrochements et à ses failles, aux rares ouvertures de sa carapace, à sa matière rugueuse et à son infinie palette de gris.
